Titre animation



Notes de voyage au Cameroun


Carte du cameroun Carte de l'Afrique

   Nous voilà revenus d'Afrique !
   Un peu fatigués par 15 jours de curiosité et 3000 km de bus, de train et de taxi brousse ...

   Le Cameroun du sud au nord fait pas loin de 2000 km et les types de climats et de paysages sont très varies.
   On passe ainsi en quelques centaines de km des jungles pluvieuses aux montagnes volcaniques, à la brousse épaisse puis à la savane avec de grandes herbes après les pluies, jusqu'aux zones arides et désertiques du lac Tchad.

   La communication avec la population est facile pour les français, quasiment tout le pays parle français, anglais dans la région volcanique de l'ouest qui fait la frontière avec le sud-est du Nigeria.
   20 millions d'habitant plus de 300 ethnies des Pygmées aux Peuls avec leurs traditions et dialectes, parfois même, la danse du village.

   Les gens sont un peu brimés par les contrôles militaires sur toutes les routes, par le coût de la vie et la misère même si elle parait moins évidente qu'en Inde, par l'école toujours pas obligatoire.
   Une république de 40 ans seulement et que 2 présidents pour l'écrire une république plus bananière, dictatoriale que démocrate; si tu n'as pas un pied dans la famille tu n'auras jamais les deux; le diplôme ne mérite pas, le mérite ne paye pas.
   En clair c'est la démerde pour tous les autres, pour tout le monde.
   Alors ça se démerde. Ça sait se démerder et ça se démerde bien; la dévaluation, la parité sur le franc, le prix du pain qui a doublé en un an alors on revient au manioc et on dénigre ce qui donnait une impression de progrès social.
   On a sûr des leçons à prendre d'eux, la solidarité aussi.

       La suite peut être plus tard ...









   Nous sommes arrivés à Yaounde; avant la tombée de la nuit après avoir survolé des étendues de désert jaune et de nuages blancs.
   A l'aéroport, situé en pleine jungle à 25 km de la ville, après la première bouffée de moiteur, les formalités, les francs CFA, petite pause sur le parking pour s'habituer à la touffeur de l'air, 1 ère négociation pour un tacart trop cher et trop pourri.
   - le cardan est gâté.
   En fait il(s) ne l'était pas plus que la route.
   Yaounde est une vaste région vallonnée à 700 m d'altitude tapissée d'une jungle basse sur pas moins de 10 collines, une ville étendue sur 5 ou 10 km de diamètre; tout ce qui ne se dispute pas chèrement à la jungle et à la pluie est habité.
   La ville est plutôt propre, bien rincée.
   Le lendemain, après une nuit passée dans un ancien hôtel chic, et 2-3 heures d'attente pour des renseignements pris chez CamAir (réservation des billets Garoua-Yaoundé pour redescendre du nord du pays à 2000 km en fin de 2 ème semaine).
   Direction donc le sud, la jungle équatoriale humide.
   Nous attendons la pluie avec impatience.
   Taxi-brousse et première étape à MBalmayo petite ville carrefour des routes en direction de la Guinée équatoriale par Ebolowa ou du Gabon par Sangmelima.

   Après le petit marché local nous descendons au péage sur la route de Sangmelima pour le bus.
   Premier ami, premières noisettes, noix de Kola, échange d'adresse avec "Serge Temgoua NGuetsa".





   "Sangmelima la Belle"

   Petite ville commerçante et affairée autour du marché et de la gare routière.
   D'une extrême propreté, on dit que le maire, d'une rare stature imposante, n'hésite pas à gifler quiconque jetterait un papier par terre...
   Les Habitants sont les "Betis", ou Betsi" selon d'autres, taillés dans de l'ébène mais pas beaucoup plus grands que leurs cousins "Pygmées".
   La chambre malgré sa clim-tracteur est vraiment sommaire et pas chère, juste propre.
   Il n'y a pas de distribution d'eau depuis une semaine... on nous donne une grand seau. C'est arrivé aussi à Yaounde, une conduite importante d'eau avait cassée. Une grande partie de la ville est restée sans eau pendant 2 mois jusqu'à ce que les réserves du Président Biya soient épuisées.
   Le soir repas typique chez "Annie", dans le potopoto attenant à un bar.
   Un poisson braisé avec du miondo dans des grandes assiettes sans couverts, ambiance TV à fond et accueil des clients mitigé.
   Peu de blancs descendent dans cette région peu hospitalière pas touristique pour un CFA.
   Et encore, le président en place (depuis 18 ans) est de la région, la route de Yaoundé à la résidence (200 km) est entièrement goudronnée.
   La région ne présente apparemment aucun attrait, les zones déforestées sont envahies de broussailles et la forêt est impénétrable, plantations de cacao et de café, cultures à petite échelle de manioc, igname, banane...





   Nous nous levons tôt le lendemain pour atteindre le "Dja", rivière délimitant la "Réserve du Dja". Pas de routes, pas d'exploitation, pas de chasse mais pas de frontière, peu de gardes... des Pygmées.
   Aucune des 3 cartes du Cameroun ne donnent les mêmes routes et les mêmes villages.

   Ambiance garantie sur le marché.
   - Hé le blanc, viens me faire la recette de la journée là!
   - Hihi, je te dis! on fais comment?
   On ne passe pas inaperçu. Sont-ils plus noir que Pascale n'est blanche?
   Leurs peaux sont lisses soyeuses sans imperfections, le grain fin.
   Le taxi doit partir mais les voyageurs se font attendre.

   Rencontre avec "Felix Mendoo Essam" dit "Douleur" comme son entreprise de transport située à Meyomessala. Un type robuste entreprenant et passionné de pisciculture qui, étonné par notre désir d'aller jusqu'au Dja, nous indique qu'un blanc vit là-bas, et que ce "Mr Brun" connaît le moyen de traverser la rivière.
   Il donne l'instruction à son chauffeur et nous place tous les deux à l'avant de la 404 Toyota familiale, pas encore trop déglinguée, sur le siège passager.
   - Vous serez pas dérangés !







   Le chauffeur pestait après le mari d'une jeunette qu'on attendait encore pour partir.
   - On aurait dit quoi de la femme si c'était elle qu'on attendait?
   - C'est quoi ce mari! fouuuuuuuu c'est un homme ça?
   - Je te dis!

   Les 80 km qui nous séparaient du Dja étaient longs, très longs et les arrêts incessants.
   De la jungle de la jungle, 4 potopotos qui forment déjà un petit hameau, des gosses, un ballon.
   Le "potopoto" est l'habitât 'devenu' traditionnel dans le sud du pays. Une base rectangulaire avec des troncs de 5 à 10 cm de diamètre plantés par deux pour faire l'épaisseur du mur et tous les demi-mètres. Ça fait une sorte de squelette qu'ils remplissent de feuilles ou(et) de terre. La charpente est maintenue par un gros poteau central "le poto mitan", mot qui désigne aussi la mama de la famille...
   Le minibus était omnibus.
   Finalement on n'était pas mécontents du manque de confort de la place avant pour deux.

   Va t-il réussir à rentrer avec sa bonbonne?
   Elle est manipulée avec beaucoup d'attention et n'est pas bouchée.
   Personne ne rechigne à se tasser un peu plus pour laisser la place la plus stable à la dame-jeanne. Tous les autres sont autour et regardent les bulles remonter vers le goulot en ébullition.
   Son propriétaire a réussi à se tasser lui aussi, il tient dans la main une vielle bouteille de Javel LaCroix en plastique. Ils ont tous le sourire quelques dents blanches et le blanc des yeux injectés.
   - Nous sommes en train de consommer le matériel, là!
   Et de me tendre la bouteille d'eau d' Javel dans un fou rire général. C'était bon. Fort avec un goût de paille, très fort. De l'alcool de raphia. Comme la bonbonne mais distillé.
   La jungle c'est beau mais on voit rien, les routes la traversent prétentieusement mais à part les 5-10 mètres visibles longeant la route elle reste impénétrable.
   Des pans de végétation dépassent les 20 mètres de haut sur plusieurs de large, sorte de lierre grimpant ou tombant, obstruant totalement la vue.
   Après plus de 2 heures de trajet le taxi-brousse nous lâche à "la ferme" et nous cherchons l'homme blanc. Il s'appelle Xavier.
   - Tiens! Des blancs! Dit-il en ouvrant la porte.
   - C'est pas courant dans la région !
   Il s'occupe de la plantation d'ananas du président BIYA et habite dans un grand pavillon partagé avec le gérant de la ferme avicole, un type qui attache les singes aux arbres, de la ferme avicole du président BIYA.
   Il est déjà tard. Tant pis pour la chambre à Sangmelima il nous faut prendre une piaule ici.

Meyo-Messala


   Le ciel s'est rapidement assombri et lorsque nous arrivons sur la rive du Dja c'est l'averse, la rivière est haute et bouillonnante (saison des pluies), pas de pont, de l'autre cote c'est la grande réserve du Dja la foret des grands singes.
   Visite de la plantation et de la petite usine à jus qui sera inaugurée 2 semaines plus tard par son propriétaire lui-même.
   On se gave d'ananas et les chèvres qui traînent par là aussi.
   Chez Xavier, Cathy et Ludovic où nous restons dîner, il y a une peau de panthère au mur la région grouille d'animaux sauvages et du coup la nuit fait du bruit, des drôles de bruits.
   Nous quittons la ferme avicole du Président Biya pour passer la nuit chez Hortense à l'auberge.
   Le retour vers Sangmelima a été un peu plus rapide qu'à l'aller
   Après avoir récupéré nos sacs toujours à l'hôtel de Sangmelima, nous revenons à la gare routière.

Tamtam



   Au marché Sangmelima fête la journée de la femme.
   Elles font une ronde et dansent aux rythmes du gros tronc creux frappé par des gros manches en bois. Les mamas ont des tenues hautes en couleurs.
   Rencontre avec Yves qui nous amène à la bonne agence direction Kribi...
   La route Sangmelima-Ebolowa n'est pas praticable en saison des pluies, il faut remonter par Mbalmayo. Tant pis pour les forestiers, et la route d'Ebolowa à Kribi est elle impraticable en toute saison.

   La route est longue mais le bus est neuf, nous traversons quelque rideaux de pluie avant de nous arrêter à Edea pour reprendre un bus pour Kribi.






   Les gares routières sont toujours situées sur la route à la sortie de la ville dans la direction voulue, lieu où grouillent les petits commerces ambulants et les chantiers.
   De quoi s'asseoir, de quoi faire une table, de quoi faire du feu et voilà, on a un chantier! brochettes de "bue", plantain et prunes grillées, fruits épluchés, arachides, noisettes, sandwich sardine etc...
   Rencontre avec Franklin et on attend ce putain de bus qui ne vient pas ...
   Trois heures d'attente plus tard le bus est bondé et il faut un peu se battre pour pouvoir acheté les places (debout) mais enfin partis ... le bus est pourri, il est gâté. Il fait 200 mètres et se gare sur le coté en panne.
   Le chauffeur regarde son moteur puis prend la recette et se casse à pied.
   Pompe à injection, quatre heures de réparation au mieux, coup de chance, un minibus part sur Kribi et on repaye des places.








      




Kribi-plage-Bwambe Manapani


   Nous arrivons à Kribi à 21 heure au Manapani hôtel, à 4 km au sud de la ville. L'hôtel est mignon à 20 m du bord de la mer et la chambre est en fait 2 chambres avec des moustiquaires au dessus des lits 2 places.
   Nous devons récupérer des 400 bornes lentes et inconfortables.
   La plage est très belle bordée de grands arbres, le sable doré, l'eau est chaude mais chargée de résidus végétaux charriés par les fleuves (saison des pluie sept/oct), il y en a beaucoup dans la région littorale.


Kribi-chute

   La "Lobé" se jette dans la mer dans une énorme cascade, elle délimite la réserve "du Campo", une des plus grande réserve des Pygmées, frontalière avec la Guinée Équatoriale. Ils y sont assez nombreux, et de plus en plus sauvages, en remontant la "Lobé";il faut six jours de pirogue pour s'enfoncer dans la réserve; les pêcheurs récupère les billes de bois tombées des bateaux pour faire les pirogues (il faut 2 mois de boulot).
   Au Kristal Crevetten nous avons mangé le poisson braisé aux 12 condiments, le meilleur de tout le séjour.
   - En cette période le poisson abonde!
   Les pêcheurs reviennent sur la plage les pirogues pleines et les mamas avec leurs bassines sur la tête font d'incessants aller-retour, les mômes aussi. Kribi est en effervescence, la ville est fermée par les militaires LE président vient poser la première pierre du terminal pétrolier fruit de la coopération tchado-camerounaise incluant un pipe-line traversant tout le pays pour atteindre la mer et future catastrophe écologique...
   Ce samedi soir est particulièrement animé, musique et danse dans la rue et dans les boites.
   Panne de courant dans la rue éclairée aux néons.
   - Même les blancs sont dans le noir!

   Le ciel étoilé est magnifique mais impossible d'en reconnaître une seule
   Après 3 nuits passées dans ce super hôtel nous remontons sur Edea où on traverse la bouillonnante "Sanaga" direction Douala étouffante poussiéreuse et défoncée...
   Les rues sont un véritable champs de mine et la circulation, dans des taxi tous pourris, est difficile. Nous mangeons notre premier "Ndole".
   La matinée passe a acheter les billets d'avion pour redescendre du nord à la fin du voyage, nous réservons aussi les couchettes pour monter à Ngaoundere en train.
   La route de Limbe est bordée de plantations de bananiers et de plantations d'hévéas.




Limbe

   Il nous faut être à 5 km de Limbe pour apercevoir furtivement les pentes du mont Cameroun à 4000 m de haut.
   A côté du Botanical Garden, de l'hôtel envahi de salamandres, nous voyons nettement l'île Fernando Po Guinée équatoriale.
   Les gens ne parlent plus ou peu français ici tout est en anglais sauf la conduite à gauche. Limbe est l'ancienne capitale sous l'occupation anglaise.
   Nous visitons Buea (dire Bwaya), à mi-pente qui fut sous l'occupation allemande aussi la capitale.
   Au mile 11 sur la route de Bakinguile une coulée de lave a coupé la route en 1999, la lave est encore chaude la coulée doit faire presque 100 m de large et 20 m d'épaisseur, impressionnant.
   L'eau de la piscine de l'hôtel provient d'un petit torrent qui traverse le jardin botanique ou nous surprenons une messe évangéliste sous une cathédrale végétale. Chantée et rythmée. Un peu genre Gospel.
   Le soir, une bonne ballade à pied dans la ville bruyante et grouillante. Bon grignotage...




   Nous craignons un peu d'être en retard pour retirer les billets de train, réservés par téléphone à la gare ferroviaire de Douala. Le départ de Limbe au matin, se fait donc un peu presto...
   Le taxi brousse est pourri et les contrôles avant Douala sont sévères. Les passagers sans papier "reconnus" descendent (et finissent à pied...). Un préservatif est trouvé par terre dans le taxi, mais malgré les injonctions du flic on ne trouve pas le propriétaire...
   - respectez s'il vous plaît! répond offusqué l'inculpé.
   Changement de gare routière à Douala pour trouver un bus solide (et rapide...) pour Yaoundé.
   Les billets doivent être retirés avant 16h et nous arrivons à la gare de Yaoundé vers 15h, bonne précaution.
   Guichet 1 ère classe - Couchettes. Une seule personne dans la file d'attente.
   Pile poil; j'irais bien me faire tondre la barbe en attendant 18h, l'heure du départ.
   Il prend son billet. A notre tour il semble qu'il y ait un problème, la vente est arrêtée.
   - ah bon, va t-elle reprendre ?
   - je ne sais pas, présentement la vente des billets est arrêtée.
   ...
   "Suite à un incident survenu sur la voie au delà de Belabo, CamRail informe les voyageurs que la vente des billets est momentanément arrêtée. La direction vous tiendra informe de l'évolution de la situation. CamRail vous remercie pour votre bonne compréhension".
   La rumeur révèle qu'un train de marchandises a déraillé de la voie unique après Belabo, les dégâts matériels seraient importants, il y aurait plusieurs morts.
   ...


   Nous commençons à cogiter une solution fiable pour gagner le nord du pays, nous avons avec nous les billets retour Maroua-Yaounde par avion.
   Les gens s'entassent de plus en plus dans la gare. Les déraillements ont l'air assez fréquents et les voyageurs ne perdent pas patience... Nous oui.
   Le message d'information est relu toutes les 10 minutes, sans jamais apporter de renseignements supplémentaires.
   A l'extérieur de la gare un petit marché s'est installe sur le parking, il y a autant de marchands ambulants que de voyageurs en attente.
   ...
   Rencontre avec Éric, un jeune chauffeur poids-lourds, allant passer quelques jours dans sa famille à Ngaoundere avant d'aller chercher du travail vers Ndjamena ou parait-il la construction du fameux pipe-line Tchadien offre du boulot.
   ...
   ...
   Le train devait partir de Yaoundéà 6 heures, il est 7 heures passé.
   Éric me fait remarquer un mouvement de foule au rez-de-chaussée(2 ème classe).
   - ils ont repris la vente!
   En vitesse je remonte au 1 erétage, secoue Pascale et on se campe devant le guichet avant la cohue.
   Nous avons enfin accès au quai et au train ou déjà les manutentionnaires de CamRail charge le train, à qui mieux mieux, de toutes sortes de paquets.
   Dans cette pagaille nous trouvons notre compartiment.

   Quand le train démarre enfin, et tout doucement, nous voyons encore quatre types qui tentent tout pour entasser un cercueil, malheureusement les portes sont trop encombrées. Tant pis...

   A part la vitre bloquée et la chaleur, notre couchette n'est pas mal, propre et assez pratique.
   Le train, de 13 voitures, est lent et remue énormément. Dès les premiers villages nous comprenons que nous n'aurons pas besoin d'aller au wagon-restaurant. C'est par dizaines que les mamas et leurs enfants arpentent toute la longueur du train et de chaque coté, pour vendre leurs produits:
   manioc fermenté, fruits, brochettes, boissons, miel, "mets" cuits à l'étoufferdans des feuilles de bananier (Koki, Pistache) etc...
   Malgré le départ retardé, à chaque arrêt (chaque demi heure) et jusque tard dans la nuit, les mômes et leurs mères nous proposent toujours des choses à manger.
   "bananes...bananes... ...bâtons... bâtons chauds... ...miella..."

NGaoundere-Eric


   Au petit matin le paysage est fantastique. Encore dans une jungle assez dense nous traversons la grande réserve de "Pangar et Djerem". Les potopotos du sud ont laissés la place à des huttes en terre et en chaumes regroupées entre elles et souvent protégées par un mur également en terre.
   Éric, retrouvé à la sorti du train, nous indique la meilleure agence de bus pour continuer notre route.
   NGaoundere est la ville terminus de ligne de chemin de fer, nous arrivons à la limite Nord du plateau et une faille de 400m de dénivelé fait une frontière naturelle entre le nord et le sud.
   Nous partons directement pour Garoua à 300 km plus au nord.
   Rapidement la jungle laisse la place à une brousse épaisse. Les gens sont plus grands, aux visages moins ronds et les hommes sont presque tous barbus.



Garoua-priere
   A deux reprises le chauffeur du bus fait une pause d'une bonne vingtaine de minutes pour la prière, pipi pour les païens. En tout cas un bon moment pour découvrir les spécialités locales :
   Pâte séchée d'arachides grillées (bacuru), poitrine d'agneau épicée et séchée au soleil, tubercule 'fenouilliforme' bouilli dont nous n'avons pas su le nom.
   Une centaine de kilomètres avant Garoua la savane gagne sur la brousse, le sol devient plus plat, les rivières sèches.
   Le sable et la poussière les rues défoncées abandonnées. La région semble manquer de fonds depuis le dernier changement de président...
   La fatigue rend la chambre d'hôtel correcte.
   Le lendemain nous attaquons les 200 kilomètres qui nous séparent de Maroua.
   Le chauffeur du bus, plus pressé que prévu, vient nous chercher chez le coiffeur "momentanément absent et que nous attendons... encore raté pour la barbe.
   Cette fois nous sommes en pleine savane, plat, sec avec quelques monticules érodés et pierreux. Horizon à perte de vue... effet panoramique garanti.
   Maroua ressemble à Garoua, même abandon même poussière.






Maroua-Sahel
   Rencontre avec Moussa dit "Douti le sérieux" comme cela est inscrit sur la plaque d'immatriculation de sa mob.
   Tout comme à Garoua les taxis de ville sont dans un état pitoyable et les courses une arnaque totale.
   L'hôtel "La Porte Mayo" est le plus réputé mais sur les conseils de Moussa nous préférons "Le Sahel" qui lui est tout neuf et très abordable. Un très bon rapport qualité/prix. Un vrai palace!
   Quelques achats (tissus, cassettes) avant la fermeture du marché et enfin un barbier chez qui j'ai entraîné Moussa. Indisponible le lendemain, nous ne pourrons pas profiter du 4x4 d'Ahmadou le pote de Moussa.
   Nous nous rabattons sur le Lite Ace de Marcel pour l'excursion à Wasa.
   Marcel est un gars gentil, rencontré l'après-midi même, mais pas trop futé ne dépassant pas les limites de sa voiture si peu conçue pour ce genre de virée.
   L'entrée de la réserve de Wasa est à 120 km de Maroua nous partons à 7 heures du matin pour pouvoir profiter de la journée. Valait mieux parce que le Marcel c'est pas un champion du volant!
   Pour rentrer en véhicule nous devons être accompagnés d'un guide affilié à la réserve. Il s'est avéré très compétent. Grâce à lui, après avoir aperçu divers odalisques, gazelles, phacochères, une girafe, buffles, des gros oiseaux nous avons cherché les éléphants en les pistant aux excréments!
   Et nous avons pu observer un petit troupeau d'une vingtaine de têtes.
   Malheureusement le Lite Ace, et ses petites roues, était lui vraiment nul.
   Il faut dire que malgré la volonté de Marcel, les éléphants en marchant laissent des empreintes de 15 cm de hauteur dans la terre, infernal, obligé de rouler au pas.
   Enfin... Nous avons eu la chance de voir pas mal d'espèces différentes en deux ou trois heures.
   Il faut quand même venir équipé de jumelles ou d'un bon téléobjectif pour les voir de près, de plus le guide ne vous laisse pas très libre de vos bravoures. (Il est responsable de vous!..)
   Nous décidons de poursuivre la journée par une visite des environs notamment les monts Mandaras.
   Nous avons pris un peu trop de temps pour le repas et Marcel ne connaissant rien d'autre que ses sentiers battus nous échouons lamentablement enlisés dans une rivière presque à sec à la frontière du Nigeria!
   Une demi heure d'effort plus tard, les pieds trempés et avec l'aide des gosses du coin on fini par sortir la charrette de notre chauffeur.
   Le pauvre Lite Ace n'en peut plus, il grince de plus en plus et Marcel doit souvent s'arrêter pour vérifier les bruits insolites de son auto. Éclats de rire à l'intérieur avec "Douti" qui commence à taquiner le conducteur, de plus en plus prudent avec la nuit noire maintenant.

Wasa - La savane

Maroua-Ahmadou
   C'est à 21h30 que nous arriverons enfin au Sahel.
   Les copains de Moussa nous attendaient devant l'hôtel, ils nous avaient proposé la veille au soir, de nous faire goûter chez eux les spécialités de leur région:
   Folere, gombo à la viande, bouillie de mil etc...
   Il n'y a pas à dire les musulmans sont les champions de l'hospitalité. La soirée sera riche : photos, thé à la menthe, vieux livres d'histoire et de géographie...
   Les deux "Ahmadou" sont cultivés et très attentionnés à leurs hôtes, jusqu'à penser à la bouteille d'eau minérale indispensable pour nos estomacs de parisiens.
   Le lendemain matin nous nous donnons rendez-vous devant l'hôtel pour des photos avec le 4x4 en vue de monter une page web pour leur activité touristique, moussa est là aussi.
   Sur la route qui nous mène à l'aéroport (à 15 km) nous sommes encore abasourdis par la gentillesse et la sagesse de ces trois personnages. S'il font le bien c'est pour qu' Allah leur rende.
   L'autre Ahmadou nous a proposé de partir vivre une semaine avec les nomades aux abords du lac Tchad...
   Ce sera peut-être pour un prochain voyage, nous sommes déjà dans l'avion qui fait une escale à une centaine de kilomètres au nord de la réserve de Waza, que nous survolons.

Ndjamena
   Le pilote de la CamAir s'est un peu raté en se posant comme un cailloux, sur le tarmac de l'aéroport civil et militaire de Ndjamena au Tchad.
   Nous arriverons vers 15 heures à Yaounde pour notre dernière nuit équatorial.
   C'est un véritable déluge qui nous retient au restaurant "La terre battue" où nous mangeons un dernier Ndole local.
   Il nous reste la journée de demain pour faire quelques emplettes, l'avion décolle vers 11h le soir.





Yaounde - Jesus
   Au marché de la ville, nous rencontrons Appolinaire et Jésus, 2 haut-diplomés qui ne sont pas nés dans la bonne famille. Sans boulot, ils se démerdent en prêchant la bonne parole au marché. Ça rapporte pas lerche, mais ça ne fait pas mourir.
   C'est un régal de faire le marché aux victuailles avec eux, ils connaissent toutes les mamas et sont visiblement très appréciés.
   Le sac plein de bobolos, de n'dole, condiments, pistache etc... Nous allons attendre l'heure chez Jésus, parmi tous ses frères, soeurs, père et autres paroissiens.
   Baby, sa soeur nous accompagne jusqu'à l'aéroport. Elle, est forestière mais n'a pas non plus de travail (ce que c'est que l'hérédité dans ce pays tout de même... le pire c'est que les gens en poste, sûrement incompétent n'ont pas de diplôme!).
   Les 10000 Frs CFA de taxe d'aéroport sont inévitables. Tout le monde paye.
   L'avion décollera t-il? Les camerounais ne savent pas voyager sans avoir 100 kilos d'excédent de bagage!

   Nous jetons un dernier regard par dessus l'aile de l'avion, sur les lumières de la ville.





mise en web... Tod